Le jeu d’échecs, reconnu officiellement comme un véritable sport par le CIO en 1999, est sans doute le seul jeu où les personnes voyantes et non-voyantes de même niveau peuvent s’affronter à « armes égales ». Plus encore, les échecs sont sans doute l’une des rares activités où ceux qui ne voient pas la partie qu’ils sont en train de jouer – je veux bien sûr parler des « parties à l’aveugle » – forment le très haut niveau des joueurs d’échecs.
Cependant des problèmes peuvent se poser pour celles et ceux qui sont malvoyants et qui désirent néanmoins apprendre à jouer aux échecs, progresser ou encore s’entraîner à résoudre des exercices particuliers dans ce jeu. J’aimerais en identifier quelques-uns et je remercie le site « Apprendre les échecs 24h » de m’en donner l’occasion.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais vous présenter en quelques mots ma situation personnelle afin que vous compreniez mieux pourquoi je suis particulièrement sensible aux problèmes qui peuvent se poser pour les joueurs d’échecs en situation de handicap visuel. J’ai 67 ans, j’habite en Suisse entre Lausanne et Genève et suis très malvoyant en raison de multiples décollements de rétine dus à une naissance prématurée à 6 mois. Bien qu’atteint d’un handicap moteur, j’ai pu faire des études, obtenir un master en histoire et ai travaillé comme historien au Comité international de la Croix-Rouge à Genève. J’ai appris à marcher après de multiples opérations et c’est mon père – bon joueur d’échecs – qui m’a appris à y jouer à l’âge de 12 ans. Jusqu’à 50 ans ma vue était satisfaisante. Puis elle s’est effondrée et je n’ai plus du tout joué aux échecs.
Il y a quelques années, je me suis remis aux échecs en amateur pour apprendre ce jeu à mes petits-enfants. Je me suis dit qu’il me fallait faire de substantiels progrès…et me suis inscrit sur le site « Apprendre les échecs 24h » qui avait un module d’apprentissage très attractif, ainsi qu’à divers autres sites comme lichess.org, chess.com, auxquels je ferai également référence dans cet article.
Je tiens à souligner tout particulièrement les efforts de ces sites pour initier un « vieux débutant ». Mais je me suis vite aperçu que ces sites comportaient quelques difficultés pour des personnes malvoyantes. J’en ai parlé à Rémi et Pierre (du site « Apprendre les échecs 24h ») qui m’ont alors conseillé d’écrire un article à ce sujet sur la base de mon expérience personnelle.
Dernier point d’introduction : cet article n’est pas fait seulement pour les personnes en situation de handicap visuel ! Je pense par exemple que tout débutant ou toute personne ayant des difficultés à entrer dans l’apprentissage des échecs pourra peut-être y trouver d’utiles conseils.
Voici les points essentiels à mettre en place pour aider les personnes malvoyantes qui vont être développés dans cet article :
- Option « audio » pour les pages des sites d’échecs à l’écran.
- Cours d’initiation aux échecs adapté pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes.
- Fichiers audios pour l’importation des parties et l’analyse des positions.
- Sous-titres généralisés et traduction automatique en français des vidéos en langues étrangères sur YouTube.
- Développer la collaboration FFE/Sites/Clubs avec les organisations pour personnes malvoyantes (cours d’échecs, livres d’échecs audio dans les bibliothèques sonores).
- Favoriser l’intégration des personnes malvoyantes/non-voyantes dans les clubs d’échecs.
Échecs et malvoyants – Quelques idées pour les cours d’initiation.
Redisons-le tout d’abord : les modules d’apprentissage proposés par « Apprendre les échecs 24h » sont vraiment excellents au niveau pédagogique, autant qu’un joueur très débutant comme moi puisse en juger… Cependant, pour progresser malgré un handicap visuel, il me semble qu’il faudrait quelques aménagements simples à mettre en place.
Tout d’abord, avoir une option « audio » pour toute page qui apparaît à l’écran, sous la forme du petit haut-parleur que l’on peut voir sur YouTube. Cela permettrait à toute personne qui a du mal à lire une page de pouvoir l’écouter et ainsi mieux retenir ce qui est exposé.
Un petit cours spécifique d’initiation aux échecs pour les personnes malvoyantes pourrait également être proposé sous forme de pack. Il y a bien sûr un cours d’initiation aux échecs pour débutants sur le site « Apprendre les Échecs 24h », mais cette initiation ne tient pas compte des besoins spécifiques des personnes malvoyantes.
Par exemple, un débutant ayant une bonne vision – et qui veut atteindre un bon niveau – doit être capable très rapidement de prévoir un certain nombre de coups à l’avance pour réaliser ses objectifs. On peut estimer ce nombre de 3 à 5 coups lorsqu’on « voit » l’échiquier. La difficulté est beaucoup plus grande lorsqu’on ne voit pas le jeu et qu’il faut donc « visualiser » l’échiquier, c’est-à-dire à la fois se représenter la position de ses propres pièces, la position des pièces de son adversaire et en même temps imaginer les coups que l’on pourrait jouer soi-même et ceux que l’adversaire pourrait jouer. « C’est ce que fait tout joueur à l’aveugle », me direz-vous, et vous aurez bien raison ! Mais la différence entre un joueur à l’aveugle et un joueur en situation de handicap visuel, c’est que le premier est généralement un très bon joueur, alors que le second apprend le jeu et peut donc avoir de grandes difficultés à visualiser un échiquier dont le mouvement des pièces et les principes ne lui sont pas encore acquis. Il faudrait donc présenter un cours à la fois simple et synthétique se basant, du moins au début, sur des estimations de 2 ou 3 coups, afin de faciliter l’apprentissage du jeu.
L’une des grandes difficultés auxquelles j’ai été confronté dans mon apprentissage des échecs – et je crois que cela ne concerne pas seulement les personnes malvoyantes – c’est le problème de l’enchaînement entre le début, le milieu et la fin de partie. Lorsqu’on consulte un site d’apprentissage d’échecs, on risque vite de se perdre dans les immenses « travées » des répertoires d’ouverture, des enjeux stratégiques et tactiques pour parvenir en bonne position en milieu de partie, sans parler du casse-tête que représente la fin de partie. C’est déjà compliqué pour quelqu’un qui voit, alors pensez un peu à la difficulté que cela représente pour quelqu’un qui voit très mal !
Lorsque j’étais encore voyant, j’ai appris à jouer au bridge et j’ai eu la chance – excusez du peu – d’apprendre avec un collègue du CICR qui avait été champion du monde avec l’équipe polonaise ! Dans son cours d’apprentissage, il a cherché d’emblée à nous présenter des solutions simples pour pouvoir jouer rapidement en toutes situations. Il nous conseillait de n’utiliser tout d’abord qu’un système d’enchères basique sans chercher la complexité. Le bridge et les échecs sont bien sûr des jeux très différents mais tous deux sont des « jeux à système » et par conséquent exigent un apprentissage progressif. On pourrait donc appliquer le même principe pour les personnes malvoyantes : présenter de manière synthétique et simplifiée les principes essentiels des phases de jeu sur des prévisions de 2 ou 3 coups, en incluant également des exercices de mémorisation.
Pourquoi ne pas appliquer cette technique de cours progressif aux échecs pour des personnes en situation de handicap visuel ? On pourrait par exemple avoir un cours en pack-vidéo des 2 ou 3 ouvertures les plus jouées. Pour chaque ouverture : deux milieux de partie les plus vraisemblables en fonction des débuts de parties étudiés et, pour finir, une finale possible selon les pièces en présence pour chaque milieu de partie. Si on inclut également dans ce « cours en arborescence » des leçons sur la marche des pièces et l’utilisation des principaux logiciels d’échecs, cela ferait un pack d’environ 25 leçons, soit un apprentissage d’un mois pour se débrouiller en toute malvoyance !
Bien sûr, le débutant que je suis se doute bien qu’il est très simplificateur, mais il faut précisément pouvoir simplifier les choses pour que la personne en situation de handicap visuel se sente à l’aise dans son apprentissage.
Comme tout autre joueur d’échecs, le déficient visuel devra également mémoriser les coups des parties jouées précédemment pour analyser sa situation sur l’échiquier. La « mémoire échiquéenne » est certes un muscle que les joueurs doivent particulièrement entraîner, mais peut-être plus encore celles et ceux qui sont en situation de handicap visuel car ils ne peuvent compter que sur elle ! Des vidéos avec des exercices spécifiques – et surtout des tests pour évaluer ses progrès – seraient donc extrêmement utiles pour les joueurs malvoyants.
Échecs et malvoyants – Quelques suggestions pour les sites d’échecs
Dur, dur de jouer à l’aveugle…
Les sites d’échecs foisonnent sur Internet. Chacun peut y trouver de quoi améliorer son jeu, s’entraîner ou revoir des parties d’anthologie depuis près de cinq siècles ! C’est une possibilité technique extraordinaire encore jamais atteinte jusqu’alors, mais elle s’adresse avant tout aux personnes voyantes. Lorsque vous êtes non-voyant ou malvoyant, la première étape de l’inscription sur un site d’échecs est déjà une épreuve difficile qui risque de vous éloigner à tout jamais du jeu d’échecs… Bien évidemment, la personne malvoyante entrera son e-mail, son nom et son mot de passe grâce généralement à un système de reconnaissance vocale dont elle a équipé son ordinateur.
Mais que se passe-t-il lorsqu’un problème de mot de passe survient ? Si la lecture en mode vocal du mot de passe existe – et ce n’est pas toujours le cas – avez-vous déjà essayé de corriger votre mot de passe en mode vocal ? C’est un problème car comme vous ne voyez pas, vous ne pouvez pas contrôler que votre mot de passe est juste ou non. On peut déjà se douter des difficultés rencontrées lorsque l’on est voyant et que l’on doit entrer un mot de passe crypté. Les « petits points » du mot de passe disent peut-être quelque chose à beaucoup d’entre vous qui voyez parfaitement… Alors pensez aux difficultés que peut rencontrer une personne en situation de handicap visuel qui doit réinitialiser son mot de passe et prouver qu’elle n’est pas un robot en cochant des photos comprenant des autobus, des motos et autres marches d’escaliers… Il y a parfois des systèmes alternatifs en audio qu’il faut répéter, mais le son est si mauvais que la réinitialisation du mot de passe devient parfaitement impossible !
Il faudrait donc un système qui permette de réinitialiser son mot de passe en audio de manière simple et audible.
De même, l’inscription sur un site d’échecs devrait également pouvoir se faire en audio, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Échecs et malvoyants – Quelques idées pour les logiciels d’échecs
Compte tenu de leurs capacités actuelles extraordinaires en matière d’enseignement et d’entraînement aux échecs, les logiciels pourraient intégrer un volet plus spécifiquement dédié aux personnes malvoyantes ou non-voyantes. Ce volet pourrait également être un très bon entraînement pour les parties à l’aveugle.
Outre la possibilité de cliquer sur le symbole audio d’un petit haut-parleur évoqué plus haut, un apprentissage spécifique pourrait être proposé pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes sur des logiciels tels que Fritz, Chessbase ou Master Chess. Il me semble que ce qu’il faut faciliter pour un joueur en situation de handicap visuel utilisant un logiciel d’échecs, c’est à la fois sa capacité à intégrer mentalement le déplacement des pièces sur l’échiquier et la prévision des coups joués. Il faudrait donc développer dans les logiciels d’échecs la conversion en audio des coups joués, l’analyse des parties et le stockage dans des fichiers audio des parties jouées (importation de parties).
Bref, pour résumer, il faudrait qu’un logiciel d’échecs puisse faire en audio tout ce qu’il fait déjà en mode visuel. À première vue, cela peut paraître compliqué, voire impossible. Cependant si l’on sait que toute image à l’écran peut être transformée en audio, un convertisseur audio pourrait également être intégré dans les logiciels d’échecs (comme l’option audio en clic droit sur Microsoft Edge).
Partant de là, chaque pièce « touchée » pourrait être nommée vocalement avec sa case de départ par un premier clic, puis sa case d’arrivée pourrait ensuite être indiquée en audio lorsque le clic est relâché.
De même – et cela vaut aussi bien pour les logiciels que pour les sites d’échecs – l’importation d’une partie, ainsi que l’analyse d’une position, sont un véritable casse-tête pour les malvoyants. On propose très souvent des options de texte évidentes pour ceux qui voient bien mais totalement incompréhensibles pour les personnes en situation de handicap visuel. C’est particulièrement le cas pour l’examen d’une position sur un échiquier en mode image, pour la notation des coups ou encore pour l’analyse des coups ou des variantes possibles.
Le problème se pose également dans l’« autre sens ». Le joueur d’échecs en situation de handicap visuel n’a pas la possibilité de dicter ou d’enregistrer en audio ses propres coups, positions ou commentaires. On pourrait donc aussi envisager des logiciels d’échecs spécialement dédiés aux personnes malvoyantes ou non-voyantes, mais je ne crois pas que ce soit une bonne solution : cela risquerait en effet de les couper de l’ensemble de la communauté des joueurs d’échecs. Au contraire, des programmes audios intégrés dans les sites et logiciels d’échecs grand public leur permettraient de s’entraîner avec les mêmes programmes, de jouer et de communiquer avec les joueurs ayant leur pleine capacité visuelle. À l’inverse, ces programmes permettraient aux autres joueurs de s’entraîner plus efficacement au jeu à l’aveugle, ce qui serait également d’un grand intérêt pour eux.
Cette application audio interactive pourrait être disponible sur tous types de logiciels, aussi bien les logiciels de jeu comme Fritz, Chessbase, Lichess, Chess.com, ou encore des programmes graphiques comme Diagtransfer.
Ces logiciels permettraient aux personnes non-voyantes et malvoyantes d’accéder enfin aux grands sites d’échecs sur ordinateur. De plus, cela permettrait à des joueurs plus âgés, victimes par exemple de graves déficiences visuelles comme la DMLA, de continuer à jouer aux échecs.
Échecs et malvoyants – Le cas particulier de YouTube
YouTube est un cas intéressant que je peux aborder plus spécifiquement en tant que malvoyant et non en tant que non-voyant. YouTube est un site bien meilleur qu’il n’y paraît pour une personne en situation de handicap visuel qui désire apprendre ou se perfectionner aux échecs. En effet, on y trouve beaucoup de vidéos et de tutoriels d’apprentissage permettant de s’améliorer de manière efficace. Ces vidéos intègrent des explications orales très précieuses pour les personnes malvoyantes. Mais des adaptations me semblent nécessaires pour améliorer davantage l’espace YouTube consacré aux échecs.
Tout d’abord, éviter dans la mesure du possible les fonds sonores extrêmement gênants pendant les explications. La musique adoucit peut-être les mœurs, mais elle est une véritable « pollution » lorsqu’on souffre d’un handicap visuel et qu’on essaye de suivre une explication d’échecs en vidéo !
Un autre outil de YouTube très performant mais à améliorer : les sous-titres. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ceux-ci sont très utiles pour les personnes malvoyantes car ils permettent de préciser ce que l’animateur a dit rapidement. Je pense notamment aux indications des annotations d’une partie ou de l’indication d’une position sur un échiquier pour la résolution d’un problème (« puzzles »). Les fameux puzzles se multiplient maintenant sur internet et sont présentés en anglais par des joueurs du monde entier.
Les sous-titres ne sont pas toujours disponibles ni leur traduction automatique. La mise à disposition de sous-titres traduits en français serait un avantage très apprécié, et pas seulement des personnes malvoyantes… Les logiciels de traduction automatique permettent de faire cela très facilement, tout en conservant le son pour suivre la vidéo en langue originale et en continuant d’améliorer son « Chess English ».
Il serait d’ailleurs très intéressant qu’« Apprendre les Échecs 24h » ait une rubrique internet pour signaler les événements sur internet et sur YouTube en particulier.
Quelques suggestions personnelles en plus…
J’aimerais faire ici quelques suggestions pas forcément en relation avec un problème de handicap visuel, mais pouvant intéresser chacun de nous et plus spécifiquement les joueurs débutants sur un site d’échecs :
Un mode d’emploi simple et clair : beaucoup d’internautes se plaignent de l’absence d’un mode d’emploi simple et clair sur les sites d’échecs, notamment pour lichess.org, chess.com, et Diagtransfer. Cela permettrait d’utiliser beaucoup plus rapidement les possibilités du site. Le grand problème, c’est le manque d’explications pour savoir utiliser les outils d’importation et d’analyse des parties. Un pack simple et clair d’ALE24h sur l’utilisation de Lichess.org, chess.com et Diagtransfer serait très bienvenu et aurait certainement beaucoup de succès !
Un tutoriel de leçons pour devenir un bon joueur d’échecs amateur : trop souvent, les tutoriels de leçons sont complexes et visent avant tout à promouvoir l’entrée en compétition. Il y a bien sûr pléthore d’ouvrages en la matière. Mais ce qui manque, c’est le guide synthétique accompagné de vidéos pour apprendre les notions de base des ouvertures, milieux et fins de parties et comment bien jouer sur ordinateur.
Un mode d’emploi pour s’orienter dans les packs d’ALE24h : je reprends ici une remarque faite par un internaute lors de la conférence du 3 avril 2024 du GMI Axel Delorme sur les pions doublés. Si certains packs sont évidents – notamment tous ceux qui concernent l’initiation ou les ouvertures – d’autres sont plus difficiles à évaluer. Un bon pack sur les enchaînements « débuts, milieux et fins de parties » serait appréciable. Pour être encore plus précis dans l’orientation des packs, je crois me souvenir que dans ces mêmes commentaires durant la conférence du 3 avril, l’un des animateurs du site ALE24h, Pierre, a rappelé l’intérêt de cette conférence et de la problématique des pions doublés pour l’étude de quelques grandes ouvertures et systèmes de jeu. De même, les packs des conférences sont offerts en promotion avec des packs complémentaires offerts gratuitement. Voilà des démarches que je salue car non seulement elles font du bien à notre portemonnaie, mais elles permettent également de s’orienter et de « hiérarchiser » l’apprentissage des échecs.
Développer la numérisation de livres et de revues d’échecs : les livres d’échecs sont un complément indispensable pour apprendre et surtout perfectionner son jeu. Malheureusement, trop souvent encore, ils n’existent qu’en format papier et sont donc inaccessibles aux personnes malvoyantes ou non-voyantes, alors qu’un format numérique leur permettrait d’y avoir accès (notamment sur iPad). J’aimerais signaler le site « archive.org » gratuit et qui permet, sur demande, aux personnes souffrant d’un handicap visuel d’emprunter un ouvrage et de le consulter en ligne en format audio pour une durée limitée renouvelable. On peut notamment y télécharger de grands classiques des échecs, comme le Modern Chess Openings de Nick de Firmian – l’une des collections de livres d’échecs préférées de Bobby Fischer – ou encore l’excellent The Complete Chess Course de Fred Reinfeld, qui a formé des générations de joueurs d’échecs. Ce site contient de nombreux ouvrages d’échecs, surtout en anglais, mais aussi en français. Une initiative de ce type pourrait être entreprise par ALE24h en partenariat avec la Fédération Française des Echecs pour numériser des catalogues d’ouvrages et de revues en format papier. Je pense notamment à la collection des livres et des revues d’Europe Échecs ou encore à des guides ou revues de grands clubs comme celui de Clichy, ou aussi des grands classiques comme le Cours complet d’échecs de Roman Pelt et Lev Alburt publié en français par la Fédération québécoise des échecs en 1989, malheureusement encore jamais numérisé et qui pourrait être très utile aux joueurs.
Une collaboration entre les clubs d’échecs et les organismes dédiés aux personnes non-voyantes ou souffrant d’un handicap visuel : je suis membre en Suisse de plusieurs associations pour personnes en situation de handicap et notamment en situation de handicap visuel. Dans aucune d’entre elles il n’y a de cours d’échecs pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes. Les bibliothèques spécialisées ne mentionnent pas de livres d’échecs à disposition. Il y aurait sans doute un partenariat à développer dans ce domaine avec la Fédération française des échecs ou d’autres fédérations nationales intéressées.
Développer l’apprentissage des échecs dans les institutions spécialisées et hôpitaux : en raison de mes handicaps, j’ai subi de nombreuses opérations (plus de 30 à ce jour) qui ont nécessité de nombreux jours d’hospitalisation, depuis le début des années 60 jusqu’aux années 2000. Les clubs d’échecs pourraient mettre sur pied un programme d’apprentissage pour les jeunes hospitalisés, programme qui pourrait leur apprendre à se servir de logiciels permettant de jouer soit contre l’ordinateur, soit avec un autre joueur à distance. Voilà de longues heures d’hospitalisation qui passeraient peut-être beaucoup plus facilement et des heures de souffrance ou d’ennui qui seraient bien atténués grâce aux échecs !
Récapitulatif et conclusion
Avant de conclure, j’aimerais juste reprendre en style télégraphique mes principales propositions :
- Option « audio » pour les pages des sites d’échecs à l’écran.
- Cours d’initiation aux échecs adapté pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes.
- Exercices de mémorisation aux échecs.
- Système simple pour réinitialiser son mot de passe en audio.
- Logiciels d’échecs : volets spécifiques pour personnes malvoyantes ou non-voyantes (entraînement pour le jeu à l’aveugle).
- Possibilité de stocker des fichiers audios de parties.
- Fichiers audios pour l’importation des parties et l’analyse des positions.
- Sous-titres généralisés et traduction automatique en français des vidéos en langues étrangères sur YouTube.
- Mode d’emploi pour les sites lichess.org, chess.com et Diagtransfer.
- Logiciels audios pour l’analyse et l’importation des parties sur lichess.org, chess.com et Diagtransfer.
- Tutoriel de leçons avec pack vidéo pour devenir un bon joueur d’échecs amateur.
- Développer la numérisation de livres et de revues d’échecs (Europe Echecs).
- Développer la collaboration FFE/Sites/Clubs avec les organisations pour personnes malvoyantes (cours d’échecs, livres d’échecs audio dans les bibliothèques sonores).
- Développer l’apprentissage et la mise à disposition de matériel d’échecs pour les jeunes dans les hôpitaux.
- Favoriser l’intégration des personnes malvoyantes/non-voyantes dans les clubs d’échecs.
Sur la base de mon expérience personnelle, j’ai énuméré une vingtaine de propositions pour permettre un meilleur accès aux échecs pour les personnes en situation de handicap visuel. Cela fait beaucoup d’idées et je suis bien conscient qu’un certain nombre d’entre elles prendront du temps ou ne pourront être réalisées. Mais si un petit nombre d’entre elles peuvent être prises en considération, ce serait déjà très positif. Ces idées pourraient être utiles non seulement aux personnes en situation de handicap visuel, mais également à tout autre joueur d’échecs désireux de mieux se familiariser avec ce jeu qui séduit l’humanité depuis plus d’un millénaire et rapproche les femmes et les hommes du monde entier !
Je remercie très chaleureusement le site d’« Apprendre les Echecs 24h » de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer et attends avec grand plaisir tous vos commentaires !
Philippe Abplanalp
Membre du site « Apprendre les échecs 24h »
Eysins, Suisse, avril 2024.
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