Être en zugzwang aux échecs signifie ne plus avoir de bons coups à jouer. Tous les coups qui sont à notre disposition vont dégrader grandement notre position. Nous préférerions passer notre tour ! Découvrez :

  • Qu’est-ce que le zugzwang ?
  • Un exercice.
  • Des parties célèbres.
  • Des explications sur l’utilisation du zugzwang en finale en vidéo par un grand maître.

Qu’est-ce que le zugzwang ?

Le zugzwang est un terme allemand utilisé dans le jeu d’échecs pour décrire une situation où le joueur qui doit jouer se trouve désavantagé par l’obligation de faire un coup. Son étymologie vient de Zwang (« obligation ») et Zug (« mouvement »). La traduction en français du mot zugzwang est donc coup contraint. Dans cette situation, chaque mouvement possible aggrave la position de ce joueur. Il est contraint de bouger ses pièces alors qu’il serait préférable de passer son tour. En d’autres termes, le zugzwang se produit lorsque tout mouvement est préjudiciable et que l’absence de mouvement serait une option plus favorable.

Le zugzwang est souvent utilisé comme une stratégie pour forcer l’adversaire à commettre des erreurs. En mettant l’adversaire dans une situation de zugzwang, on lui impose de faire des coups qui détériorent son jeu et facilitent la tâche du joueur qui a l’initiative.

Voici un exemple de Zugzwang.

Un exercice sur le zugzwang

Les blancs jouent et matent en deux coups :

La solution

Le roi blanc et la Dame blanche sont déjà dans une position optimale. Le bon coup va permettre aux blancs de mettre en zugzwang les noirs.

Le bon coup est 1. g5 !!

Libérant la case g4 pour la Dame blanche. Les blancs ne font aucune menace. Par contre, les noirs aimeraient ne pas jouer ! Ils ont maintenant deux coups à leur disposition.

  • Si 1… Rxc4 2. Da4 mat
  • Si 1… Rxe4 2. Dg4 mat

Joli non ? Voici maintenant l’exemple le plus célèbre de zugzwang.

L’immortelle de Nimzowitsch

L’auteur du célèbre livre « Mon système »  a les blancs contre le très fort joueur Friedrich Saemisch.

Les blancs sont en zugzwang. Tous les coups dégradent fortement leur position. Aucune pièce blanche n’a vraiment envie de bouger…

  • la Dame blanche ne peut pas se déplacer, les Fous non plus (après Fou c1, le Cavalier est perdu), la Tour placée en g1 et le Cavalier blanc non plus !
  • Après un déplacement de la Tour e1, Tour e2 capture la Dame blanche.
  • Si les blancs placent leur Roi en h2, T5f3 gagne la Dame blanche (cela explique l’importance d’avoir placé un pion noir en h6 !).
  • Sur a3, les noirs répondent par a5 et le problème ne change pas pour les blancs.
  • b3 ne change pas non plus le problème après Roi h8 par exemple.
  • Avancer le pion g perd la dame blanche après le coup T5f3 (si les blancs la capturent, il y aura échec et mat avec Tour h2 ! En effet, le Fou noir contrôle cette case et protégera la Tour).
  • Déplacer le pion h n’améliore pas non plus la position après Roi h8 par exemple.

Mais les règles du jeu sont ainsi faites que les blancs doivent jouer. Ils ont alors abandonné ! C’est un très rare exemple de zugzwang en milieu de partie.

Pourquoi le zugzwang est-il si puissant ?

Le zugzwang est un concept puissant dans le jeu d’échecs, ainsi que dans d’autres jeux de stratégie, parce qu’il place l’adversaire dans une situation où tout mouvement possible ne fait qu’aggraver sa position. Voici pourquoi ce mot allemand est si puissant :

  1. Perte d’initiative : Le joueur en zugzwang est forcé de jouer, même s’il préférerait passer son tour. Cela peut mener à la perte d’une initiative stratégique ou tactique cruciale.
  2. Détérioration de la position : Chaque coup disponible affaiblit la position du joueur, soit en perdant du matériel (pièces), soit en détériorant sa structure de pions, soit en exposant son roi à des attaques. Jouer un coup dégrade fortement la situation du joueur.
  3. Contrôle forcé : Dans une position de zugzwang, le joueur contrôlé peut être forcé à faire un mouvement qui réalise un objectif spécifique de l’adversaire, comme ouvrir une ligne d’attaque ou libérer une case critique pour l’avancement d’une pièce adverse.
  4. Transition vers une position perdante : Le zugzwang est souvent le point de bascule qui transforme une position équilibrée ou légèrement inférieure en une position clairement perdante. Cela peut être particulièrement décisif dans les fins de partie, où le nombre réduit de pièces et pions sur l’échiquier rend chaque mouvement encore plus critique.
  5. Aspect psychologique : Être mis en zugzwang peut avoir un impact négatif sur le moral d’un joueur, sachant que ses actions inévitables mèneront à une détérioration de sa position. Cette pression peut induire des erreurs supplémentaires.
  6. Utilisation tactique et stratégique : Les joueurs expérimentés peuvent intentionnellement manœuvrer pour placer leur adversaire en zugzwang, utilisant cela comme une technique pour convertir un avantage positionnel en une victoire concrète.
  7. Simplicité trompeuse : Souvent, le zugzwang résulte de positions qui semblent simples ou dénuées de complications tactiques immédiates, ce qui peut amener le joueur contrôlé à sous-estimer la gravité de sa situation jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Le zugzwang illustre la beauté et la complexité des échecs, montrant comment le contrôle complet du plateau et une compréhension profonde de la position peuvent forcer l’adversaire à agir à son propre détriment.

Des parties célèbres sur le zugzwang

Voici quelques parties célèbres qui se terminent sur un zugzwang. On débute par vous mettre l’immortelle de Nimzowitsch en entier. Cliquez sur les notations échiquéennes pour faire apparaître un diagramme et visionner la partie.

On continue avec le même joueur qui met en zugzwang le champion du monde cubain Raoul Capablanca.

Quand Capablanca met en zugzwang Nimzowitsch

Le zugzwang intervient au 45ème coup Tc1. Les noirs n’ont pas de menace. Mais les blancs n’ont pas de bons coups ! Par exemple, si 46. De2, Dg1+ gagne le pion d4. Si 46. Rh3, Tc2 est terrible. Regardons maintenant le coup joué par les blancs. 46. Te3 Tf1 et maintenant si 47. De2 (sur Dg2, Tg1) Dg1 et c’est la catastrophe pour les blancs. Le nom de Capablanca résonne avec force dans le monde des échecs. On comprend pourquoi avec cette partie ! Cette partie n’a pas été jouée lors d’un championnat du monde mais le tournoi de New-York 1927 est un des plus forts tournois de l’époque. C’est un tournoi de très haut niveau.

Voici maintenant un magnifique exemple de Bronstein.

Le zugzwang de Bronstein

Le grand maître international Bronstein est un célèbre joueur très dynamique. Il est aussi l’auteur de deux livres d’échecs très célèbres. Il livre ici avec les noirs un très beau zugzwang en seulement 26 coups.

Les blancs vont avancer leur pion. Puis quand ils auront épuiser tous leurs déplacements de pions, ils devront bouger soit leur Roi c1 soit leur Tour d1. Les noirs captureront alors la Tour d2 et resteront avec une pièce de plus. Une position assez incroyable !

Le zugzwang en finale

Le zugzwang est une notion importante dans les finales d’échecs, où la position des pièces est réduite, plus simple et chaque coup peut être déterminant. Il peut être utilisé comme un outil pour créer des situations difficiles et piéger l’adversaire. Le grand maître Anthony Wirig vous le montre dans la vidéo suivante.

Notez qu’en finale la notion de zugzwang réciproque (reciprocal zugzwang en anglais) est une notion très importante.

Et maintenant à vous de jouer !

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Voilà pour notre article sur le zugzwang. N’hésitez pas à le partager sur vos réseaux sociaux s’il vous a plu !

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