Une partie d’échecs peut durer six heures et certains joueurs sont capables de rester plus de quarante-cinq minutes assis devant leur échiquier pour jouer un seul coup ! Mais à quoi réfléchissent les joueurs d’échecs ? Et réfléchissent-ils vraiment en fait ?
La plupart du temps, ils résolvent des problèmes
Souvent, les joueurs d’échecs ont des problèmes très concrets à résoudre : comment parer une attaque, comment attaquer une faiblesse, comment protéger son Roi etc…Et lorsqu’on est en situation de problème, quatre étapes sont en jeu : l’analyse du problème, l’élaboration d’une stratégie, la vérification et la communication du résultat (voir Structurer l’enseignement des mathématiques par des problèmes de Cazzaro, Noêl, Pourbaix et Tilleuil).
Ainsi, les joueurs d’échecs en réponse à un problème commencent par analyser la position puis ils élaborent une stratégie. Deux grandes méthodes existent pour cela.
- Travailler en marche avant. On part de l’analyse de la position et on tente de se rapprocher de plus en plus du but.
- Travailler en marche arrière. On part du problème à résoudre et on tente de comprendre les actions à mener pour atteindre ce but.
Et donc ensuite on vérifie notre raisonnement. Tout irait bien si cela s’arrêtait là ! Mais nous ne sommes pas tous arrivés à résoudre le problème posé par notre adversaire du premier coup ! Si tel est le cas, notre cerveau va se mettre à osciller entre l’analyse du problème, les deux stratégies de résolution et la vérification. Et il fait des allers-retours jusqu’à ce qu’on soit satisfait du coup choisi.
Les joueurs d’échecs font des analogies
Remarquons ensuite qu’une autre méthode est très connue pour la résolution de problèmes : l’analogie. Et cette méthode est très utilisée par les joueurs d’échecs. En effet, il a été démontré que plus un joueur d’échecs est fort, plus il a de positions types dans sa mémoire à partir desquels il peut faire des analogies avec les positions qu’il rencontre. Ainsi Magnus Carlsen, le champion du monde, affirme que dans 99% des cas, le coup qu’il va jouer lui arrive immédiatement dans la tête. Le reste de sa réflexion consiste à vérifier que c’est bien le meilleur coup.
Ces positions types peuvent s’acquérir par exemple en analysant des parties commentées de grands maîtres. Notons qu’à force de jouer et d’étudier les échecs, on s’habitue à bien organiser sa mémoire. C’est le célèbre psychologue Alphred Binet, inventeur du QI, qui l’a montré le premier dans une étude du début du siècle précédent.
À quoi réfléchissent les joueurs d’échecs ? Parfois à pas grand-chose !
Une des plus grandes difficultés du joueur d’échecs est la prise de décision. Quand a-t-on assez poussé son raisonnement ? Quand est-on assez sûr de soi pour jouer son coup ? Eh bien parfois un joueur d’échecs peut passer beaucoup de temps à se demander s’il a raison ou pas d’avoir choisi ce coup et ça mouline fort dans la tête ! Une maxime connue dans le monde des échecs affirme que si on passe plus de vingt minutes de réflexion sur un coup, on va jouer une bêtise…
Enfin l’ex trader star Boaz Weinstein affirme que le jeu d’échecs lui a permis de progresser dans son métier. Cela lui a permis notamment d’améliorer sa faculté à prendre des décisions dans des situations peu claires.
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