Le gambit Benko, également connu sous le nom de Gambit de la Volga, est l’une des ouvertures les plus fascinantes et dynamiques que les joueurs d’échecs peuvent adopter avec les Noirs. Dès les premiers coups, il se distingue par un sacrifice de pion audacieux, visant à obtenir une compensation positionnelle à long terme plutôt qu’un gain matériel immédiat. Ce sacrifice stratégique offre aux Noirs un jeu actif sur l’aile Dame, tout en exerçant une pression constante sur les colonnes ouvertes et les pions adverses. Loin d’être une simple manœuvre agressive, le Gambit Benko propose un riche éventail de concepts stratégiques mêlant initiative et développement rapide. Grâce à sa capacité à créer des positions complexes et dynamiques, il attire aussi bien les joueurs amateurs que les grands maîtres qui cherchent à perturber leurs adversaires dès l’ouverture.

Qu’est-ce que le gambit Benko ?

Le gambit Benko arrive après les coups 1. d4 Cf6 2. c4 c5 3. d5 b5

Un gambit aux échecs est une ouverture dans laquelle un joueur sacrifie volontairement du matériel, généralement un pion, pour obtenir un avantage positionnel ou tactique. Ce sacrifice est fait dans les premiers coups de la partie, avec l’idée de gagner du temps de développement, de créer une attaque rapide ou d’exercer une pression sur l’adversaire. En acceptant ou en refusant le gambit, l’autre joueur doit décider comment répondre à ce sacrifice.

Ici les noirs sacrifient donc leur pion b5. C’est un vrai gambit. Les noirs ne vont pas tenter de récupérer ce pion, ils vont même l’échanger très vite en joant : 4. cxb5 a6

Le but principal du Gambit Benko est d’offrir un pion dans l’ouverture pour obtenir une compensation positionnelle. Les Noirs cherchent à :

  • Contrôler la colonne a et la colonne b : En sacrifiant le pion b, les Noirs ouvrent rapidement les colonnes a et b, ce qui permet d’y placer les tours pour exercer une pression sur les pions et les pièces blanches sur l’aile-Dame.
  • Développer les pièces rapidement : L’acceptation du gambit permet aux Noirs de développer rapidement leurs cavaliers et leurs fous, souvent avec des coups tels que Fg7 (fianchetto).
  • Créer des faiblesses à long terme : Les pions a et b des Blancs deviennent des cibles pour les Tours noires. Les noirs peuvent également tenter d’exploiter la faiblesse des cases blanches des blancs surtout si ceux-ci jouer le coup e4 à un moment donné.

Pourquoi jouer le gambit Benko ?

Un joueur d’échecs peut aimer jouer le gambit Benko pour plusieurs raisons stratégiques et psychologiques qui en font une ouverture d’échecs à la fois dynamique et intéressante. Tout d’abord ce sacrifice donne aux Noirs un jeu très actif et des pièces bien placées, notamment les tours sur les colonnes ouvertes et le fou en Fianchetto sur g7. Contrairement à d’autres gambits plus agressifs et tactiques, le Benko offre un avantage positionnel subtil mais durable qui peut persister tout au long de la partie.

L’acceptation du gambit par les Blancs permet aux Noirs de développer rapidement leurs pièces. Alors que les Blancs doivent parfois consacrer des ressources à la défense de leur pion supplémentaire, les Noirs peuvent utiliser ce temps pour coordonner leurs pièces et créer des menaces sur l’aile-Dame. Le développement rapide des Noirs leur permet de passer immédiatement à l’offensive.

Sortir l’adversaire de sa zone de confort

Le Gambit Benko est une ouverture riche en stratégies à long terme. Elle offre aux joueurs de Noirs la possibilité de jouer dans des positions complexes où l’activité des pièces et la planification sont essentielles. Beaucoup de joueurs aiment cette profondeur, car elle demande une compréhension subtile des faiblesses adverses et de l’équilibre entre matériel et activité. En jouant le Gambit Benko, les Noirs forcent souvent les Blancs à sortir de leur plan habituel. Les joueurs qui préfèrent des positions stables ou des structures de pions solides peuvent être déstabilisés par la nature ouverte et tactique du Benko. Pour les Noirs, il s’agit donc d’une opportunité de surprendre l’adversaire et de le faire entrer dans un type de jeu où ils sont plus à l’aise.

De nombreux joueurs de haut niveau, y compris des grands maîtres et le champion du monde Veselin Topalov, ont utilisé le Gambit Benko avec succès. Cela en fait une ouverture qui a fait ses preuves. Les joueurs apprécient cette ouverture parce qu’elle donne souvent de bons résultats  malgré le sacrifice matériel initial.

Les variantes principales du gambit Benko

Voici les grandes variantes de ce célèbre gambit.

Le gambit Benko accepté

Dans cette variante, les blancs prennent le matériel sans se poser de questions !

5. bxa6 g6 6. Cc3 Fxa6

Les blancs ont maintenant deux grandes façons de jouer. Soit ils se déroquent en jouant leur pion en e4, soit ils développent leur Fou en fianchetto sur la case g2 mais acceptent de subir l’influence énorme du Fou noir placé en a6.

Voici une partie célèbre sur chaque variante.

Polugaevsky – Seirawan

Voici une magnifique partie d’échecs où les noirs ont commencé par mettre la pression sur l’aile Dame avant de basculer sur l’aile Roi.

Portisch – Polgar Susan

Et maintenant une très jolie partie où le temps mis par les blancs à mettre leur Roi à l’abri est mis à profit par la joueuse hongroise pour mettre une pression folle sur l’aile Dame des blancs.

Le gambit Benko semi-accepté

Ici les blancs prennent bien en b5 mais pas en a6. Le coup principal est alors 5. e3.

Voici une partie célèbre de Topalov sur ce sujet.

Piket – Topalov

Topalov va nous montrer ce qu’est un centre fort !

Jolie partie non ?

La variante de Dugly

La variante de Dugly fait aussi partie des Benko semi-accepté. Elle arrive après le coup 5. f3.

Les noirs ont trois réponses possibles : 5… axb5, 5… g6 et 5… e6.

Le gambit Benko refusé

Les blancs ont développé pas mal de petites variantes où ils tentent de rendre le pion dans de bonnes conditions. Par exemple en jouant 5. b6.

Ou en jouant 5. Cc3 axb5 6. e4 qui s’appelle la variante Zaïtsev.

Ils ont même tenté de ne pas prendre le pion b5 en jouant a4.

Mais aucune de ces variantes n’est vraiment satisfaisante pour les blancs…

Qui est Pal Benko ?

Pal Benko, né Pál Benkő le 15 juillet 1928 à Amiens, France, et décédé le 26 août 2019 à Budapest, Hongrie, est un joueur d’échecs d’origine hongroise, naturalisé américain, qui a marqué l’histoire des échecs par ses contributions à la théorie des ouvertures et à la composition échiquéenne. Benko a grandi en Hongrie et est devenu champion national à l’âge de 20 ans. Il a émigré aux États-Unis en 1958 après une défection lors d’une compétition en Islande et a rapidement acquis une réputation de joueur redoutable sur la scène internationale. Il a participé à deux tournois des candidats au championnat du monde en 1959 et 1962. En 1970, il a laissé sa place au célèbre Bobby Fischer, qui allait remporter le championnat du monde deux ans plus tard. Sur le plan national, Benko a remporté huit fois le championnat open des États-Unis. Il a également représenté à plusieurs reprises les États-Unis aux Olympiades d’échecs obtenant des résultats solides.

Pal Benko est particulièrement connu pour avoir popularisé deux ouvertures qui portent son nom : le gambit Benko et l’ouverture Benko (1. g3), qu’il a utilisée avec succès contre des légendes telles que Bobby Fischer et Mikhail Tal. En plus de ses contributions théoriques, Benko s’est ainsi distingué par ses connaissances approfondies des finales. Il a publié de nombreux travaux dont une édition revue de Basic Chess Endings et une chronique régulière dans le magazine Chess Life. Son influence sur le monde des échecs va donc bien au-delà des compétitions puisqu’il a légué un riche héritage en tant que théoricien, compositeur et auteur, ce qui fait de lui une figure emblématique du jeu.

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