Les romans sur les échecs ne sont pas très nombreux, et les thrillers encore moins. C’est pourtant dans cette catégorie de littérature que se classe Les sentiers de la vérité, de Francis Van Gured. Avec ce livre, l’auteur a voulu faire partager sa passion des échecs à ses lecteurs. Mais attention, il n’est pas question ici de technique, de stratégie, d’ouverture, de développement ou de finale. Non, Les sentiers de la vérité est bien une fiction dans laquelle les échecs font office de personnage. On vous dit tout ce qu’il faut savoir sur ce roman passionnant.

L’histoire de ce roman sur les échecs

Jeune homme jusque-là sans histoire, Andréa Davenport voit sa vie basculer lorsqu’on le soupçonne d’avoir enlevé une trentaine de personnes  afin de les assassiner. Contraint de prendre la fuite en compagnie de Melissa Bonnefeuille, jeune femme aussi séduisante qu’intrigante, il n’aura pour seule obsession que de prouver son innocence et retrouver les personnes disparues. Mais encore lui faut-il savoir qui l’a piégé, et dans quel but… Il devra pour cela suivre une série d’indices que lui a confectionnés son adversaire. Ceux-ci ont trait à l’art, à l’Histoire, mais aussi et surtout aux échecs…

Tout au long de son ouvrage, Francis Van Gured va distiller ça-et-là de nombreuses références échiquéennes.  Les amoureux du Roi des jeux noteront dès les premières pages, une référence à François-André Danican Philidor, grand compositeur français de musique et joueur exceptionnel d’échecs. Mais c’est aussi de Caïssa, la déesse des échecs, dont il sera question. Andréa Davenport se lancera d’ailleurs à sa poursuite, et tentera de retrouver la trace du célèbre club parisien qui portait autrefois son nom, le Cercle Caïssa.

Mais face à la complexité de la tâche, notre héros s’aventurera sur d’autres pistes, toujours liées au monde des échecs. Pour le plus grand bonheur des amateurs d’art, d’histoire et d’échecs, le héros invoquera Harold James Ruthven Murray pour chercher des indices à travers son célèbre ouvrage intitulé A History of Chess, mais aussi les poèmes Scacchia Ludus de Marco Girolamo Vida et Caïssa : Or The Game of Chess, de William Jones. Dans sa quête de vérité, Andréa Davenport se lancera également à la poursuite de la FIDE, l’instance internationale chargée de réglementer la pratique des échecs à travers le monde. On l’aura compris, cette discipline est omniprésente tout au long du livre, et sert de trame de fond à l’ouvrage.

Les sentiers de la vérité : un roman sur les échecs à plusieurs niveaux de lecture

Francis Van Gured n’est pas le premier romancier à proposer une histoire axée sur le monde des échecs. L’excellent auteur espagnol Arturo Pérez Reverte y était parfaitement arrivé avec Le Tableau du maître flamand, publié en 1990. Et que dire du chef-d’œuvre de Stefan Sweig intitulé Le joueur d’échecs, dont une version BD a été réalisée avec brio par l’excellent David Sala.

À l’image de l’écrivain autrichien, Francis Van Gured présente une œuvre offrant plusieurs niveaux de lecture. À travers ce thriller échiquéen au rythme haletant, l’auteur aborde des thématiques qui lui sont chères comme la résilience face à l’adversité, ou les dangers de la désinformation de masse et la responsabilité des services de modération sur les réseaux sociaux. Il aborde aussi, de manière sous-jacente, l’affaiblissement  progressif des valeurs démocratiques et les nouvelles guerres hybrides auxquelles sont de plus en plus fréquemment confrontées les grandes démocraties occidentales. Avec une obsession ultime : que la liberté, la vérité et la justice l’emportent toujours sur la violence et l’arbitraire. Des préoccupations qui ont une résonance particulière au regard de l’actualité internationale.

Arrêt sur quelques-unes des références échiquéennes figurant dans le roman

Les échecs font office de trame de fond ou de canevas pour cette œuvre de fiction. Les références y sont donc nombreuses et variées, tout au long de l’ouvrage.

Caïssa, une divinité quelque peu méconnue

Parmi toutes les références échiquéennes figurant dans Les sentiers de la vérité, il en est une qui tient un rôle central : Caïssa. Francis Van Gured fait de cette figure mythologique un personnage à part entière de son roman, allant même jusqu’à la dépeindre sous les traits d’une présidente fictive de la FIDE (Fédération Internationale Des Échecs) répondant au nom d’Aynabat « Caïssa »Barakhamedova.

Dans le milieu échiquéen, Caïssa fait office de Déesse, comme une sainte-patronne  de ce sport que certains vénèrent pour implorer la chance dans des situations hasardeuses. Mais en réalité, le terme de Déesse est ici quelque peu galvaudé, puisqu’il est plutôt question d’une nymphe, à savoir une divinité mineure dans la mythologie. Il se raconte à son sujet, qu’elle  aurait refusé les avances de Mars, le Dieu de la guerre. Afin d’aider Mars à conquérir le cœur de la belle Caïssa, Euphron, le Dieu du sport et frère de Vénus, aurait inventé le jeu d’échecs, de manière à ce que Mars puisse l’offrir à sa bien-aimée et ainsi la séduire.

Conférer une apparence physique à une figure mythologique, c’est audacieux…Mais ce n’est pas si incongru que ça, quand on y réfléchit. Car ça contribue en fait à la légende de cette divinité. Mais contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le mythe de Caïssa ne trouve pas son origine dans l’Antiquité, mais à l’époque moderne, et plus exactement dans la seconde moitié du 18ième siècle.

The Game of Chess: le poème qui enfanta Caïssa

La première référence connue à Caïssa remonte à 1763, date à laquelle est écrit le poème Caïssa : Or The Game of Chess. Ce texte  de William Jones, linguiste, orientaliste et accessoirement poète britannique,  est lui-même inspiré d’une autre œuvre de 1527 : Scacchia Ludus ou De Ludo Scacchiorum, un poème de 658 vers de l’artiste et humaniste italien Marco Girolamo Vida. Contrairement à l’œuvre de 1527, celle de 1763 ne se contente pas de parler des échecs.

C’est bien William Jones qui a donné vie à Caïssa, dans son poème conçu en hexamètres latins. Polyglotte de génie et fin connaisseur des civilisations orientales, William Jones n’a que dix-sept ans lorsque lui vient l’idée d’inventer cette légende échiquéenne. Si l’histoire de Caïssa, telle qu’élaborée par William Jones laisse supposer que les échecs puisent leur source dans l’Antiquité Romaine (Mars et Euphron sont des Dieux romains)et Grecque (Caïssa est une divinité de Thrace), les connaisseurs ne s’en laissent pas conter. Il fait désormais consensus chez les historiens que l’origine du jeu d’échecs est à chercher en Asie, et très vraisemblablement en Inde.

Roman sur les échecs : une histoire ancestrale documentée par HJR Murray

Il est impensable, lorsqu’on s’intéresse à l’histoire des échecs, de ne pas citer Harold James Ruthven Murray, et son monumental ouvrage A History of Chess. Joueur d’échecs britannique, Murray est  aussi historien et dirigeant d’écoles. C’est bien son travail d’historien, couplé à ses connaissances échiquéennes qui lui ont permis d’entrer dans la légende de ce sport. Au total, il lui aura fallu 13 ans et des efforts considérables pour écrire les 900 pages que comporte A History of Chess. Publié en 1913, cette œuvre est en quelque sorte la Bible des échecs, en ce sens qu’elle retrace l’histoire de ce sport, de ses origines en Inde au 7ième siècle jusqu’à l’époque moderne.

Et plus d’un siècle après sa publication, ce livre demeure la référence absolue en la matière. Il faut dire que pour documenter son travail, Murray n’a pas hésité à s’entourer des historiens les plus en vue de l’époque, à l’instar de Tassilo Von der Lasa ou Antonius von der Linde. Il s’est également initié à l’arabe, en plus des langues latines européennes qu’il maîtrisait à la perfection. Tandis que la première partie de son ouvrage était principalement consacrée aux origines asiatiques de ce sport et à ses différentes variantes, telles que le Chaturanga ou le Shatranj, la seconde se focalisait sur la pratique échiquéenne en Europe, à l’époque du Moyen-âge, et les évolutions datant de cette période, telles que la Dame enragée puis le roque.

Caïssa, une icône qui se décline dans le monde entier très présente dans ce roman sur les échecs

Figure tutélaire des échecs, Caïssa évoque la chance ouvrant la voie à la victoire. De nombreux clubs échiquéens portent d’ailleurs son nom à travers le monde. En France, le Cercle Caïssa est certainement la référence ultime de ce sport cérébral. Deux femmes d’exception assureront la renommée de la vénérable institution : Jeanne Le Bay Taillis (parfois orthographie Le Bey Taillis), sa fondatrice et dirigeante de 1939 à son décès en 1970, puis Chantal Chaudé de Sillans, sa successeur. Au total, le Cercle Caïssa aura formé à Paris quelques uns des meilleurs joueurs du monde pendant ses 60 ans d’existence. Dans Les sentiers de la vérité, Andréa Davenport arpente les rues de la capitale à la recherche de Caïssa, se rendant tour à tour dans la rue Pigalle, la rue Rougemont et même l’avenue Gabriel, soit autant de lieux mythiques dans lesquels le célèbre club a installé ses échiquiers.

La FIDE : l’institution encadrant la pratique des échecs au niveau international

S’il y a bien une institution qui symbolise la pratique des échecs à travers le monde, c’est bien la Fédération Internationale des Échecs ou FIDE. « Gens una sumus » (Nous sommes une seule famille) est la devise de cette organisation fondée en 1924 par Pierre Vincent. Si aujourd’hui son siège est à Lausanne, c’est bien à Paris que l’histoire de la FIDE a débuté. Sans surprise, Francis Van Gured y fait référence dans son roman, mêlant personnages de fiction comme Aynabat « Caïssa » Barakhamedova et personnalités réelles, comme Alexander Rueb, Folke Rogard, Max Euwe, Friðrik Ólafsson, Florencio Campomanes, Kirsan Ilioumjinov ou encore Arkadi Dvorkovitch, qui furent les différents présidents de la FIDE. Chapeautant les fédérations nationales, la FIDE organise les championnats du monde et établit le classement Elo des joueurs. C’est aussi à la FIDE que l’on doit l’instauration des Maîtres internationaux (MI) et Grands Maîtres Internationaux (GMI).

Un mot sur l’auteur de ce roman sur les échecs : L’énigmatique Francis Van Gured

Énigmatique, Francis Van Gured l’est assurément. Ne cherchez pas d’information à son sujet sur internet ou sur n’importe quel autre support : vous ne trouverez rien de plus que ce qu’il veut bien divulguer. Totalement inconnu au bataillon, l’auteur semble vouloir s’effacer derrière son œuvre. N’allez pas croire qu’en agissant de la sorte, il veuille s’éloigner de ses lecteurs. Non, bien au contraire. Il sait ce que c’est que d’être lecteur, et a choisi de communiquer avec celles et ceux qui lui ont accordé leur confiance. Francis Van Gured a simplement choisi de communiquer différemment, à sa manière. Il a pris soin d’insérer, à la fin de son ouvrage, une énigme associée à une illustration représentant une vue aérienne de Paris. Cette énigme, promet-il, cache un message codé adressé à ses lecteurs. Parvenir à le décrypter promet quelques nuits blanches aux téméraires qui souhaiteraient s’y risquer.

Vous l’aurez compris, les références échiquéennes sont omniprésentes dans Les sentiers de la vérité. A coté de celles évoquées ci-dessus en figurent d’autres comme une représentation de Caïssa par l’artiste Domenico Maria Fratto ou un problème échiquéen provenant d’une célèbre partie jouée lors des championnats d’Édimbourg de 1981. Pour découvrir ce thriller, cliquez sur l’image suivante :

Roman sur les échecs

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