Le championnat du monde a débuté de façon déroutante et nous nous inquiétons pour Magnus Carlsen… Mais assez bizarrement nous avons aussi peur pour Fabiano Caruana, les deux joueurs nous semblent sur la corde raide… Le poète Lucien Cadiot, amoureux du jeu d’échecs, a accepté de nous livrer ses impressions sur ce début de championnat. Échecs et poésie !

« Je partage votre point de vue.
Un ogre d’un côté qui doit encore prouver qu’il est au-dessus du lot,
car c’est le meilleur, le roi sur le trône et qui doit gérer à la fois la pression énorme,
pour ne pas en être délogé, que son statut implique, et un challenger
peut-être plus motivé, car c’est lui qui frappe à la porte, le premier de la classe, pressé lui aussi
mais par la communauté de bien vouloir déloger le totem régnant
pour prouver au monde que (presque) tout un chacun peut y arriver.
Ont-ils des préparateurs mentaux, des hommes d’expérience et de savoir,
qui sont là pour les épauler psychologiquement ?
Sûr, tous deux sont rodés à ce genre d’exercice, mais il suffirait
d’un petit rien, un coup de froid, une angine, un peu de fièvre qui perdure
deux, trois jours et c’est tout une compétition qui peut s’en trouver
chamboulée.
 
Je vois donc deux funambules qui marchent l’un vers l’autre,
l’un avec un sac à dos d’où dépasse l’orbe d’une couronne, chacun
armé de son balancier et l’autre plus léger qui tente de sauter
sur leur fil commun pour déséquilibrer celui qui va à un moment
ou l’autre lui barrer le passage…
Pour l’instant, on doit en être au round d’observation, lequel
va craquer l’armure et se servir de son balancier comme d’une lance…
À une époque où vous n’étiez pas né, les journaux
télévisés s’ouvraient avec leur une sur les péripéties du match Fischer-Spassky.
Faut dire que le kid de Brooklyn n’y allait pas
avec le dos de la cuillère en restant dans sa chambre,
arguant que son adversaire pouvait bien se débrouiller tout seul,
laissant sa chaise de championnat du monde, vide.
Mine de rien, il a plus fait pour les échecs et leur rayonnement
en un mois que les fédérations en 20 ans.
Sauf, trou spatiotemporel, je n’ai pas le souvenir
d’un autre joueur aussi charismatique, excepté
Kasparov, mais à un moindre degré.
Les temps sont plus modérés, plus lisses,
mais aussi plus violents. Secouer le cocotier
n’est plus de mise.
Reste à nos deux champions à nous donner
de belles parties et du grain à moudre pour
cet hiver qui se rapproche. »

Pour continuer votre lecture, voici notre page spéciale championnat du monde 2018.

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Nous espérons que ce moment échecs et poésie vous a plu !

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